Le métier de chef : Différence entre versions
De Salve Regina
[version non vérifiée] | [version vérifiée] |
m |
m |
||
Ligne 15 : | Ligne 15 : | ||
|} | |} | ||
− | == | + | == Le métier de chef == |
+ | |||
+ | Libres réflexions sur… la mission du chef ! | ||
Version actuelle datée du 14 mars 2011 à 23:14
L'éducation des enfants | |
Auteur : | abbé J. Olivier |
---|---|
Date de publication originale : | 2002 |
| |
Difficulté de lecture : | ♦ Facile |
Le métier de chef
Libres réflexions sur… la mission du chef !
L’autorité est l’éminente qualité du Chef.
Un chef peut avoir l’intelligence la plus souple, les connaissances les plus variées, et même de très belles qualités de cœur, s’il n’a pas l’autorité, c’est-à-dire s’il ne sait pas entraîner la communauté qu’il commande et faire exécuter sans discussion les ordres qu’il donne, il n’est pas un chef.
L’autorité peut être naturelle. Elle peut aussi être acquise. Et l’on peut dire que l’autorité acquise dépasse la première en valeur dans la mesure où elle est le fruit d’un effort plus patient et plus intelligent. L’un des fondements de l’autorité est en effet la compétence. Le maître-tourneur, le maître-charpentier, le chef d’atelier ou de bureau, tirent leur autorité d’une longue étude et d’un mûrissement de l’ensemble de données, de buts et de techniques qui constitue leur spécialité.
La compétence n’est pas toute l’autorité. Un chef exerce légitimement son autorité même sans l’appuyer sur la plus parfaite compétence technique. Il en est ainsi, par exemple, lorsque le chef se trouve à la tête d’une communauté comportant une grande division du travail, dont les activités très diverses pour être maîtrisées toutes ensemble de façon supérieure exigeraient une sorte d’intelligence monstrueuse. C’est que l’autorité est liée surtout à l’existence et à la conscience d’une mission supérieure, dont le chef est chargé, non pas à son profit, mais pour le bien de ceux qu’il conduit et dont il assume la responsabilité. Le chef ne commande pas « pour le plaisir », de l’extérieur, comme un maître qui domine des esclaves et extrait un bénéfice du travail des autres, non, mais bien pour conduire une communauté, par un ordonnancement ingénieux de moyens, à sa pleine réalisation matérielle et à sa plus haute valeur morale. Sa mission le domine, comme une vocation. Il lui appartient. C’est sa communauté qui le possède. Il est à elle, pour la faire devenir tout ce qu’elle peut, tout ce qu’elle doit être. Il sert. Et s’il est pénétré de la pensée de sa mission, saisi par cette vocation, voué à son service, alors, et alors seulement, il est un chef.
Le Chef doit être un éducateur.
En fait on a tendance en France à distinguer nettement le chef de l’éducateur, le chef évoquant un être rude et distant, très proche du militaire et l'éducateur faisant penser au professeur, à l’instituteur, au prêtre. On aurait presque tendance à faire de chacun un spécialiste, qui du commandement, qui de l’éducation. Rien n’est plus arbitraire que cette séparation et l’éducateur ne sera profond, efficace, que dans la mesure où il sera un chef. De même, le chef n’accomplira réellement sa mission, - où le respect, l’enrichissement des personnes humaines à lui confiées, tient une telle place, - qu’autant qu’il sera un éducateur.
Plus précisément, nous souhaitons voir les hommes chargés d’entraîner, de guider, de former les jeunes français, capables de combiner en une seule personne ce capitaine d’équipe premier en tout, toujours présent, énergique et fidèlement suivi qu’est un chef et ce médecin patient, psychologue et fin qu’est un éducateur. Nous rêvons de professeurs de Faculté champions de course ou de nage, assez dépouillés pour quitter à l’occasion le ton professoral de la leçon pour le ton familier, quoiqu’aussi précis et direct, de la veillée ; nous rêvons d’industriels redevenus simples, très humains pendant les cercles d’études du soir ; de techniciens plus passionnés par leurs hommes que par leur technique ; nous rêvons d’officiers capables de lancer un chant, de porter une culotte de sport, sans pour cela perdre un pouce de leur autorité. La difficulté de cette dualité dans le même être du chef, comme tendu vers sa mission, qui le dépasse et de l’éducateur très à la portée de ses hommes, à leur niveau, est considérable. Il semble que le Français avec son esprit critique, son respect humain, sa mauvaise éducation sportive, ait plus de mal que d’autres à être à la fois strict dans les exigences d’un service et détendu en dehors de ce service.
Nous nous souvenons d’une anecdote contée par un officier de marine tout à fait de chez nous. Il avait été invité, il y a quelques années, à une fête donnée à bord d’un vaisseau de guerre étranger, commandé par un amiral réputé pour sa qualité de chef. Il arrive au milieu d’une représentation, s’assoit discrètement et applaudit bientôt aux prouesses d’un comique remarquable qui soulevait l’enthousiasme de l’équipage. Ce comique était l’amiral fameux, qui amusait ses hommes entre deux exercices de combat sévèrement menés. Sans aller si loin, sachons être sublimes par notre mission de chefs et très simplement humains dans nos devoirs d’éducateur.