Les dons du Saint Esprit

De Salve Regina

Les sacrements
Auteur : Ambroise Gardeil, O.P.
Source : Le Saint-Esprit dans la Vie Chrétienne
Source web : Consulter

Difficulté de lecture : ♦ Facile
Remarque particulière : Numérisation par le groupe Domus Christiani, saint Clément, Nantes


LES DONS DU SAINT ESPRIT

Introduction

Si c’est par le baptême que le Christ nous donne la vie surnaturelle, c’est par la confirmation qu’Il la fortifie. Baptême et confirmation sont des sacrements à caractère, c'est-à-dire qu’ils produisent dans l’âme une marque ineffaçable que l’on appelle caractère (le troisième étant l’ordre). De ce fait, on ne peut le recevoir qu’une seule fois. La Confirmation, tout comme le baptême et l’Eucharistie, est un sacrement de l’initiation chrétienne.(cf CEC 1212). (CEC 1285) : L’unité de ces trois sacrements doit être sauvegardée. Il faut donc expliquer aux fidèles que la réception de ce sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit ceci : « par le sacrement de Confirmation, le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins de Christ. » Si c’est grâce au baptême que nous devenons enfants de Dieu, c’est grâce à la confirmation que nous devenons des « adultes de Dieu ». Cette forme spéciale de l’Esprit Saint nous est donnée sous la forme de dons qui sont au nombre de sept : La crainte de Dieu, la force et la piété pour nous donner plus de courage à accomplir notre devoir de chrétien. Le conseil, la science, l’intelligence et la sagesse qui nous permettront de mieux connaitre ce devoir. Pour chaque don, nous verrons donc leur définition puis leurs effets.

1) La crainte de Dieu

a) Définition

Ce n’est ni la crainte mondaine (peur du jugement des autres, peur de perdre ce que l’on possède). Ce n’est ni la crainte servile (celle qui pousse par exemple les enfants à obéir par peur de la punition ou celle qui empêche de faire des péchés par peur de l’Enfer). Mais c’est la crainte filiale : celui qui aime Dieu craint de manquer aux exigences de cet Amour, de ne pas en faire assez pour Dieu.

b) Effets du don de crainte

Ce don va inspirer à l’âme : - une continuelle retenue, un respect, un saint tremblement, un profond anéantissement devant Dieu. - une extrême horreur des moindres offenses à Dieu et une constante résolution d’en éviter toutes les occasions. - une humble contrition de nos fautes (après une bonne confession par exemple). - un examen de conscience fréquent et profond. L’âme a alors une conscience juste, timorée, à égale distance entre une crainte exagérée et une conscience trop large. Grâce au don de crainte, nous serons armés contre les trois concupiscences (celle des yeux, de l’esprit et de la chair, St Jean) en nous détachant de ces objets de concupiscence : détachement de la chair, détachement de l’indépendance immodérée et détachement des richesses.

2) Le don de Force

a)Définition

La Force nous l’avons déjà en tant que vertu chrétienne (fait partie des quatre vertus morales avec la Prudence, la Justice et la Tempérance). Le don de force vient compléter cette vertu car elle est d’une extrême importance puisqu’elle participe à notre magnanimité (grandeur des âmes) et au courage chrétien (accomplissement des devoirs chrétiens, supporter la douleur physique, les peines de l’esprit).

b) Les effets du don de force

Le don de force nous donne l’assurance de vaincre. Prenons trois exemples : - Sainte Jeanne d’Arc : elle est l’incarnation du don de force. Rien ne l’aura troublée : ni les luttes, ni les procès, ni les périls, ni même la mort. - Les Apôtres : avant la Pentecôte, ils ont peur, ils fuient, se cachent. Après la venue de l’Esprit Saint, ils ne craignent plus les grands prêtres ni les puissants, ils vont au devant des foules, leurs proclament la parole de Dieu et les baptisent. - Saint Paul : lorsqu’il se sentait faible, il pensait à la Résurrection de Notre Seigneur (pour laquelle il avait une grande dévotion).La pensée que d’un mort Dieu avait fait le vivant qu’est le Christ ressuscité lui faisait reprendre courage, mettant sa confiance dans cette force avec laquelle il n’est rien que nous ne puissions faire.

C’est cette même force que le Saint Esprit met à notre disposition.

3) Le don de piété

a)Définition

La piété va plus loin que la seule prière puisqu’elle nous fait rendre justice à Dieu en lui donnant la dévotion, la prière, les sacrifices, les jeûnes, l’abstinence, le respect, le culte, tout l’ensemble des devoirs pour lesquels nous reconnaissons que Dieu est le Souverain Seigneur. La piété met dans la religion un accent de tendresse parce qu’en Dieu elle s’adresse au Père. On ne doit pas remplir nos devoirs de chrétiens froidement mais toujours en gardant à l’esprit que Dieu est notre Père. On doit lui rendre honneur et culte avec cœur, la piété est le cœur de la religion. Le don de piété nous établit dans une relation totalement filiale vis à vis de Dieu, comme un fils avec son Père.

b) Effets

L’attitude filiale dans laquelle nous nous trouvons, nous met dans un total abandon à Dieu, en une soumission absolue à sa volonté aimante, et par là en un très grand repos intérieur d’où sont bannies toute angoisse, inquiétude, agressivité, colère ou mauvaise humeur. La piété doit nous permettre d’aller avec allégresse à tous nos devoirs de religion, car, malgré notre bonne volonté, ils peuvent nous paraître laborieux ou soumis aux distractions, torpeurs, négligences. Pour combattre ses obstacles, demandons à l’Esprit Saint de nous envoyer son esprit de piété. C'est-à-dire un peu de cet amour pénétrant que mettait Notre Seigneur Jésus Christ à tout ce qu’il faisait pour son Père.


4) Le don de conseil

a) Définition

Le don de conseil est directement lié à la vertu de Prudence qu’il va perfectionner. D’après le Catéchisme de l’Eglise Catholique : la Prudence dispose la raison pratique à discerner, en toute circonstance, notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir. Le don de conseil va perfectionner la faculté de gouvernement pratique. Il vient à nous sous la forme d’une parole de Dieu. Il nous la fait entendre intérieurement ; il ne nous instruit pas du dehors, comme par la parole de l’Eglise, mais au-dedans.

b) Effets du don de conseil

Dans nos vies chrétiennes, le don de conseil nous aidera à prendre de franches décisions. Nous sommes sous l’influence d’une passion, l’irritation, par exemple ; une voix nous dit : contiens-toi, reste maître de toi. Nous nous demandons ce qu’il faudrait dire à telle personne ; nous nous recueillons, la lumière se lève : voilà ce qu’il faut dire, voilà ce qu’il ne faut pas dire: nous avons reçu le conseil d’en-haut ! Le conseil nous porte à réfléchir, à prier avant d’agir ; il nous retire de la précipitation. Si nous sommes au contraire portés à la négligence, il nous secoue. Tantôt l’Esprit insinue, stimule ; tantôt il reprend (c’est le remords). Tantôt il se fait juge : il nous témoigne à l’intérieur que c’est bien ou que c’est mal.

5) Le don de science

a) Définition

Il vient pallier à l’une de nos faiblesses qui est notre attirance pour les choses terrestres .Et en cela, il vient au secours de la vertu de Foi. En effet, la Foi, lumière surnaturelle, surhumaine est enracinée dans notre raison humaine .La foi perfectionne notre raison humaine mais notre raison n’est pas faite pour l’infini, elle doit acquérir ses connaissances par le moyen des sens auxquels elle est liée ; les sens la renseignent sur les choses matérielles, visibles desquelles elle doit extraire ses pensées les plus spirituelles. Mais, les choses visibles étant pour nous plus faciles à comprendre que les choses invisibles, nous risquons de nous y attacher et de détourner notre regard de Dieu .C’est là qu’intervient le don de science. Il doit nous faire concevoir une juste idée des créatures, afin qu’elles ne soient pas un obstacle, mais un secours, afin qu’elles ne gênent pas notre foi, mais lui deviennent une aide.

b) Effets du don de science

Il intervient :- pour nous apprendre que les choses qui nous retiennent dans ce monde ne sont rien par elles mêmes. -pour nous faire connaître la brièveté, la petitesse et le néant des choses terrestres, leur impuissance à contenter notre cœur avide de vrai bonheur. -pour nous faire voir à travers les choses créées- la nature, les évènements, les âmes, les choses invisibles qu’elles décèlent-la trace de Dieu, sa toute puissance et sa divinité. Les regardant ainsi, nous sommes à la fois préservés de leurs pièges et conduits par elles vers le Seigneur.

6) Le don d’intelligence

a) Définition

Il vient lui aussi au secours de notre Foi en palliant, cette fois, à notre manque de compréhension des choses divines. Pour nous élever à la connaissance des choses divines qui sont inexprimables, qui nous dépassent, nous n’avons à notre disposition que notre langage humain, bien trop insuffisant pour exprimer la divine réalité. Le don d’intelligence est donc nécessaire. Sans ce don, nous ne pourrons pas comprendre en profondeur les différents mystères divins (Incarnation, Rédemption, Sainte Trinité) ou même nous survolerons une parole de l’Evangile sans comprendre tout ce qu’elle signifie. La Foi nous fait adhérer fermement mais s’arrête à la superficie, le don d’intelligence nous permet, lui, de scruter à fond, de dépasser cette connaissance. Ce n’est pas un simple accroissement de connaissance ordinaire, c’est une intelligence cordiale qui sent plus qu’elle ne voit, qui vient de notre cœur touché par le Saint Esprit.

b) Les effets

Prenons l’exemple des Apôtres qui, après la Pentecôte, furent comme enivrés de l’intelligence des Ecritures et des divins mystères qu’ils prêchaient avec transport. Si nous arrivons à entrer à l’intérieur des mystères divins avec les yeux du cœur, nous pourrons remédier à la froideur, à l’inattention, au peu de profondeur de notre foi. Nous serons rassurés, apaisés, fixés et nous goûterons à la quiétude. Si nous pratiquons l’oraison, grâce au don d’intelligence, celle-ci ne sera plus agitée mais calme et tranquille, l’âme goûtera et pénètrera, l’Ecriture Sainte, l’enseignement de l’Eglise, le divin bienfait des sacrements (Ste Thérèse : oraison de quiétude).

7) Le don de Sagesse

a) Définition

L’inspiration de la Sagesse n’est pas autre chose qu’une motion du Saint Esprit, par laquelle, il nous communique, par la vie du cœur, comme une expérience de la vision céleste. C’est en pratiquant l’oraison, que nous pourrons tout particulièrement nous laisser guider par ce don de Sagesse. Si nous faisons oraison en fixant notre pensée sur une Vérité suprême comme « Dieu est Charité », le don d’intelligence nous en ouvre le sens et tout à coup, nous dépassons cette pensée et nous éprouvons le besoin de nous abîmer dans un sentiment d’adoration devant Celui dont l’altitude nous est ainsi révélée. C’est un acte bref car il tient de l’état des élus, et sur terre on ne peut pas longtemps souffrir des états pareils qui sont des états angéliques. C’est un acte douloureux car il suppose un renoncement total de soi-même, pour rendre à Dieu le seul hommage égal à sa majesté.

b) Les effets

Lorsque l’âme s’abîme ainsi, c’est la Charité qui va pouvoir s’élever à des degrés toujours plus hauts, à tel point que nous sommes alors « adorateurs en esprit et en vérité ». C’est ce que vivent les Saints, qui considèrent Dieu substantiellement présent en eux, c’est l’oraison d’union (Ste Thérèse d’Avila, Ste Catherine de Sienne). Il n’y a plus d’idée ou de représentation qui sépare, il n’y a plus, dans l’indivisibilité de l’âme qu’une âme en adoration et le Dieu infini.

Conclusion

Nous sommes tous appelés à la sainteté, nous avons tous les dons, y compris la sagesse, et avec l’état de grâce nous avons la capacité d’éprouver leurs effets. A nous de tendre nos voiles pour capter le souffle de l’Esprit Saint qui nous fera avancer plus vite et plus haut sur le chemin de la sainteté.

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