Histoire de la pratique des trois "Ave Maria"

De Salve Regina

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Histoire de l'Eglise
Auteur : abbé Jacques Olivier
Date de publication originale : 2004

Difficulté de lecture : ♦ Facile
Remarque particulière : D’après un opuscule anonyme, 1950, ed. N-D de la Ste Trinité

Les trois Ave Maria

Ière partie : Histoire de la dévotion des trois Ave Maria

I. ORIGINES DE CETTE DEVOTION

FONDEMENT THEOLOGIQUE

Si l’on veut remonter à l’origine première de cette dévotion, à la fois simple et sublime, des Trois Ave Maria, il faut pénétrer jusques dans les profondeurs du mystère de l’adorable Trinité.

C’est de toute éternité que les trois Personnes divines se sont complu à prédestiner Marie, leur chef-d’œuvre de prédilection.

Un pieux auteur nous représente ces trois Personnes adorables saluant, tour à tour, la divine Marie. Il s’exprime ainsi : « Ave, c’est le mot de Dieu le Père, étonné, pour ainsi dire, et ravi de la beauté de son ouvrage… — Ave, c’est le mot de Dieu le Fils, du Verbe éternel, sagesse et intelligence du Père, miroir parfait de sa parfaite beauté, splendeur éternelle de son éter­nelle lumière… Ave, c’est le mot de Dieu le Saint-Esprit : Ave, mon Epouse incomparable, mon unique, ma belle, choisie entre toutes les filles de l’homme, sanctifiée dans les desseins de l’éternelle miséricorde, préservée par la divine attention du Père et du Fils, et par mes jalouses préférences… »[1]

Puis, le même auteur nous montre les choeurs angé­liques faisant écho à cette triple et divine salutation : « Et cet Ave parlé, modulé, chanté dans le sein de l’ado­rable et indivisible Trinité, a débordé de son sein, dans le ciel, comme les eaux surabondantes de Dieu, et tous les échos du paradis le répètent. »[2]


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Des hauteurs du ciel, ce triple Ave descend sur la terre, apporté par l’archange Gabriel, à la plus humble et à la plus parfaite des créatures. Saint Gabriel se présente à Marie comme l’ambassadeur, « l’envoyé de Dieu, missus a Deo ». Il parle donc au nom de Dieu, c’est-à-dire au nom des trois Personnes divines : Père, Fils et Saint-Esprit. Son salut, son Ave, équivaut ainsi à une triple salutation, à un triple Ave.[3]

De plus, en étudiant la Salutation angélique, nous y trouvons une triple louange en l’honneur de Marie. Le céleste ambassadeur s’exprime en ces termes : « Je vous salue, PLEINE DE GRACE, — LE SEIGNEUR EST AVEC VOUS, — vous êtes BENIE ENTRE TOUTES LES FEMMES : Ave, gratia plena, — Dominus tecum, — benedicta tu in mulieribus. »

Dans chacune de ces trois louanges, nous pouvons découvrir un rapport plus spécial, plus immédiat, avec chacune des Personnes divines : avec Dieu le Père, qui a comblé sa Fille bien-aimée, de toutes grâces, dès l’instant de sa Conception Immaculée — avec Dieu le Fils, dont elle allait devenir la Mère : Dominus tecum ; — avec Dieu le Saint-Esprit, qui a enrichi sa divine Epouse des plus abondantes bénédictions, par lesquelles Marie est élevée au-dessus de toutes les femmes et de toutes les autres pures créatures.

On peut donc dire que l’Ave de Gabriel équivaut à trois, puisqu’il le prononça au nom de chacune des trois Personnes divines. Voilà une des origines et un des premiers fondements de notre sainte pratique des Trois Ave Maria, qui nous montre la divine Marie dans ses rapports intimes avec chacune des trois Personnes de l’adorable Trinité.


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FONDEMENT HISTORIQUE

Appuyé sur des données historiques et sur les pieuses révélations faites à la Vénérable Marie d’Agréda, dans sa Cité mystique, nous sommes en droit de conclure que les Trois Ave Maria ont dû être pratiqués dès les temps apostoliques, spécialement à partir de la glorieuse Assomp­tion de la Bienheureuse Vierge.

Voici, en effet, ce que dit la Vénérable Marie d’Agréda, dans sa Cité mystique, tant estimée par Dom Guéranger : « Saint Pierre et Saint Jean, étant entrés dans le petit oratoire où le corps de la Vierge Immaculée était étendu, sans vie, sur un lit d’honneur, ils virent une grande lumière qui l’environnait, et ils entendirent la musique céleste des anges qui chantaient[4] : « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum. » Et il y en avait d’autres qui redisaient, après chaque Ave Maria répété trois fois : « Vierge avant le divin enfantement, — Vierge pendant le divin enfantement, — Vierge après le divin enfantement. » Et, dès lors, continue la Vénérable, plusieurs fidèles de la primitive Eglise eurent de la dévotion pour ce divin éloge de la très pure Marie ; depuis ce temps-là, il est arrivé, par tradition, jusqu’à nous qui le connaissons, et la sainte Eglise l’a confirmé.[5]

On reconnaît clairement, ici, la pratique des Trois Ave Maria, recommandée dans le but d’obtenir, par la triple virginité de Marie, une parfaite pureté d’esprit, de cœur et de corps. Cette même pratique, approuvée et indul­genciée par l’Eglise, est actuellement encore, avec quelques variantes, très répandue en Espagne, patrie de la Véné­rable Marie d’Agréda.

Ainsi, d’après cette sainte religieuse franciscaine, célèbre dans toute l’Espagne au XVII, siècle, notre pieuse dévotion serait des plus anciennes dans l’Eglise, et remonterait aux temps apostoliques.


Au concile de Clermont, tenu en 1095 sous Urbain II, les Trois Ave Maria furent spécialement recommandés à tous les fidèles pour le succès de la croisade. De la France, cette pratique s’étendit peu à peu dans le monde entier.

« Plusieurs saints du Moyen-Age, dit le R. P. Piel de Churcheville, Mariste, avaient connu la dévotion des Trois Ave Maria ; Saint Bruno (1030-1101) a probablement institué, chez les Chartreux, l’usage de les réciter tous les jours avant Matines. En effet, les fils de saint Bruno disaient certainement ces trois Ave, avant l’époque ou Pie V révisa le bréviaire romain ; or, la litur­gie, chez les Chartreux, on le sait, n’avait jamais varié. »

Dans d’autres monastères, on devait les dire : avant et après l’office de la nuit. Ainsi, les Ordonnances de Bursfeld (XIIIème siècle) prescrivent trois fois la Salutation angélique « avant les veilles de la nuit », et cela « tête nue, le corps prosterné, ou du moins incliné ». Le même manuscrit constate que cet usage était en vigueur dans les anciens monastères de la Gaule : « Idem prœstabant in Gallia nostri Casalini. » Enfin, les laudes matinales achevées, les Ordonnances de Bursfeld recommandent encore à tous de dire, à genoux, trois fois, la Salutation angélique avant de se retirer. Ailleurs, on les récitait après Matines et après Complies.

Les Trois Ave Maria, sous une forme ou sous une autre, étaient donc déjà très répandus, quand la Très Sainte Vierge, dans sa bonté miséricordieuse pour nous, en fit l’objet d’une révélation spéciale à la grande contempla­tive sainte Mechtilde. Nous allons rapporter en entier cette révélation, parce qu’elle enseigne la sainte dévo­tion des Trois Ave Maria, telle que nous aimons à la propager.


II. REVELATION DES TROIS « AVE MARIA » A SAINTE MECHTILDE AVEC PROMESSE DE LA BONNE MORT

Sainte Mechtilde, vierge de l’Ordre de saint Benoît, amie et émule de la grande sainte Gertrude, est célèbre, elle aussi par les communications divines dont elle fut favorisée. Elle vécut dans la seconde moitié du XIIIème siècle. (1241-1297). Ses révélations sont consignées dans un livre admirable intitulé : le Livre de la Grâce spéciale. Celle relative aux Trois Ave Maria se trouve au chapitre XLVII de la première partie.


Nous donnons ici une traduction nouvelle, et aussi littérale que possible, de cette révélation, d’après l’édi­tion latine des Pères Bénédictins :


« DES TROIS AVE MARIA A RECITER, PAR LESQUELS CHACUN PEUT AVOIR L’ASSISTANCE DE LA GLORIEUSE VIERGE MARIE, A L’HEURE DE LA MORT. »

« Pendant que Mechtilde priait la glorieuse Vierge de l’assister à l’heure de sa mort, « Je le ferai CERTAINEMENT, hoc UTIQUE faciam », répondit la divine Vierge ; mais toi, de ton côté, je veux que tu récites, chaque jour, trois Ave Maria.

« Par le premier tu demanderas que, — comme Dieu le Père, selon la munificence de sa toute-puissance, a exalté mon âme sur un trône de gloire sans égale, au point qu’après lui je suis la plus puissante au ciel et sur la terre, ainsi je t’assiste, à l’heure de la mort, pour te fortifier, et repousser loin de toi toute puissance ennemie ».

« Par le second Ave Maria, tu demanderas que, — comme le Fils de Dieu selon les trésors de son inscru­table sagesse m’a ornée merveilleusement de science et d’intelligence, et m’en remplit tellement que je jouis de la connaissance de la Bienheureuse Trinité plus que tous les saints ensemble, et que, comme un soleil brillant, j’éclaire tout le ciel par la clarté dont il m’a embellie, — ainsi je t’assiste, à l’heure de la mort, pour remplir ton âme des lumières de la foi et de la vraie sagesse, de peur que ta foi ne soit obscurcie par les ténèbres de l’ignorance et de l’erreur.

« Par le troisième Ave Maria, tu demanderas que, — comme le Saint-Esprit m’a remplie entièrement des douceurs de son amour et m’a rendue si aimable et si aimante, que, après Dieu, je suis la plus douce et la plus miséricordieuse, — ainsi je t’assiste à l’heure de ta mort, en remplissant ton âme d’une telle suavité de l’amour divin, que toute peine et amertume de la mort se change pour toi en délices[6] ».

Telle est la révélation relative aux Trois Ave Maria faite par la Reine du ciel, avec promesse de la bonne mort pour ceux qui y seront fidèles tous les jours. En effet, bien que la promesse ait été faite à sainte Mechtilde, elle convient à tous ceux qui emploieront le même moyen recommandé par la divine Mère pour obtenir une bonne mort, comme le titre du chapitre le donne à entendre. Le texte latin est plus formel encore, car les Trois Ave Maria y sont donnés comme un moyen efficace d’obte­nir la grâce suprême de la bonne mort, pour chacun en particulier. « De tribus Ave Maria dicendis, PER QUÆ POSSIS gloriosam Virginem Mariam habere prœsen­tem in fine vitæ. » Du reste, nous verrons dans la suite les saints, particulièrement saint Léonard de Port-Mau­rice et saint Alphonse de Liguori, l’interpréter ainsi.

Une autre remarque importante à faire, c’est que, d’après les savants Bénédictins, la grande sainte Ger­trude aurait contribué, pour la plus grande part, à la rédaction du Livre de la Grâce spéciale, d’après les récits de son amie et confidente, ce qui donne à ce livre une autorité de plus.

Sainte Gertrude connaissait donc les Trois Ave Maria. Elle-même eut plusieurs révélations concernant les trois grands privilèges de Marie Immaculée : Puissance, Sagesse, Miséricorde, — honorés par les Trois Ave Maria, d’après la première révélation faite à sainte Mechtilde.

Quoi qu’il en soit, notre sainte dévotion, grâce au livre de sainte Mechtilde, qui compta bientôt un grand nombre de copies, se répandit de plus en plus dans les monastères, puis, de là, parmi les fidèles.

Cette pratique, révélée par la Très Sainte Vierge, a donc pour objet d’honorer les trois grands privilèges de Puissance, de Sagesse et de Miséricorde, qui lui furent conférés par les trois Personnes divines, et pour but très spécial d’obtenir la grande grâce de la persévérance finale ou de la bonne mort, la plus précieuse pour nous de toutes les grâces.


Bien qu’il y ait d’autres manières de réciter les Trois Ave Maria, — car cette pratique a eu des formes nom­breuses et variées — celle de sainte Mechtilde mérite toutes nos préférences. Sans doute, les autres méthodes où se trouvent les Trois Ave Maria, sont toutes bonnes et saintes, avec leurs buts particuliers, mais celle que nous recommandons, après sainte Mechtilde et sainte Ger­trude, a été apportée directement du ciel par la Bienheureuse Vierge elle-même, et donnée par cette divine Mère comme un moyen choisi par elle pour obtenir la grâce suprême de la bonne mort. De plus, aucune autre pratique n’est plus directement ordonnée à honorer cette divine Mère dans ses relations avec les trois Personnes de l’ado­rable Trinité.


III. LA PRATIQUE ET L’ENSEIGNEMENT DES SAINTS DE SAINTE MECHTILDE JUSQU’A NOS JOURS

Nombreux sont les saints et illustres personnages qui ont pratiqué et recommandé la salutaire dévotion des Trois Ave Maria, à la suite et à l’exemple de sainte Mechtilde et de sainte Gertrude. Nous ne pourrons faire que les mentionner en passant.


Un illustre enfant de saint François, le Docteur séraphique, SAINT BONAVENTURE, devenu général de l’Ordre, fit, au Chapitre général tenu à Pise en 1262, une ordonnance d’après laquelle « les Frères Mineurs (ou Franciscains) exhorteraient le peuple à saluer la glorieuse Vierge Marie, Mère de Jésus, par Trois Ave Maria, au son de la cloche qui se fait entendre après Complies, parce que, suivant la tradition, c’est l’heure où elle fut saluée par l’Ange ». Cette pratique, absolu­ment distincte, dans le début, de l’Angelus, qui d’ailleurs n’existait pas encore, se confondit peu à peu avec lui.


Les Trois Ave Maria, propagés par saint Bonaventure, et par quelques autres saints, spécialement par saint Léonard de Port-Maurice, sont donc devenus une DEVOTION FRANCISCAINE. Aussi, l’Ordre de saint François s’est-il, EN TOUT TEMPS, signalé par son zèle en faveur le notre sainte pratique.


Ainsi, à l’aube du XVème siècle, nous trouvons encore la grande SAINTE COLETTE DE CORBIE (1380-1447), l’illustre réformatrice franciscaine, qui faisait réciter les Trois Ave Maria à ses religieuses Clarisses, comme remède et antidote contre les trois concupiscences du monde.


Notre SAINTE JEANNE D’ARC, contemporaine de sainte Colette (1412-1431) avait aussi la plus grande dévotion à ce qu’on appelait l’Ave Maria, qui est devenu notre Angelus actuel, et qui se composait alors uniquement des trois Ave Maria.


Trois siècles plus tard vivait ST JOSEPH DE LA CROIX, franciscain (+ 1734). Cet illustre saint connut, par révé­lation, qu’un étudiant ecclésiastique souffrait de violents maux de tête pour avoir négligé de réciter les Trois Ave Maria habituels. Il le guérit, en lui faisant promet­tre de n’y plus manquer.


L’ORDRE DOMINICAIN, qui a surtout pour mission de propager le saint Rosaire, ne fut pas, non plus, étranger à notre sainte pratique. Nous voyons même que deux saintes religieuses dominicaines furent favorisées de ré­vélations spéciales à ce sujet.


Le Père Ignace de Carnago, capucin du XVIIIème siècle, rapporte, dans un petit traité des Trois Ave Maria, un récit d’un Père Hippolyte, dominicain, d’après lequel : « La Très Sainte Vierge a demandé, dans une révélation à une sainte religieuse dominicaine, LA VENERABLE FRANÇOISE VACCHINA, de réciter, chaque jour, trois Ave Maria, pour obtenir : 1° de rester toujours consacrée à son culte et à son service ; 2° d’éviter tout péché ; 3° de faire, en tout, la sainte volonté de Dieu. »


L’autre sainte religieuse dominicaine, la Vénérable Mère MARIE VILLANI, morte en odeur de sainteté, en 1670, à Naples, avait une dévotion singulière pour les Trois Ave Maria ; elle s’en servait, spécialement, pour offrir le Cœur de Marie au Cœur sacré de Jésus, le Cœur de Jésus au Cœur très saint de Marie, et son propre cœur à ceux de Jésus et de Marie. Or, un jour d’Assomption, pendant que la sainte religieuse récitait ainsi ses Trois Ave Maria, la divine Marie lui apparut et lui fit entendre ces consolantes paroles : « Non seulement tu obtiendras, par ce moyen, tout ce que tu solliciteras, mais encore je te promets d’être la protectrice spéciale en la vie et en la mort, de ceux qui, comme toi, pratiqueront ces salu­tations. Je les délivrerai de tout péril intérieur et extérieur et leur ferai expérimenter mon assistance, qui sera tou­jours prompte à les favoriser. »


Cette révélation est citée dans un Traité de la dévotion et de l’Office de la Sainte Vierge par ST JEAN EUDES, encore un saint qui fut un ardent apôtre des Trois Ave Maria.


SAINT GRIGNION DE MONTFORT, un des plus grands dévots à la Très Sainte Vierge, faisait réciter les Trois Ave Maria avant de commencer le Rosaire, pratique aujourd’hui généralement adoptée. De plus, il mentionne, à plusieurs reprises, les trois grands privi­lèges de la Très Sainte Vierge : Puissance, Sagesse, Misé­ricorde, honorés par les Trois Ave Maria.


SAINT STANISLAS KOSTKA récitait chaque jour, matin et soir, les Trois Ave Maria, en se tournant vers un sanctuaire célèbre de la Madone.


Un autre fils de la célèbre Compagnie, SAINT JEAN BERCHMANS, récitait chaque jour trois Ave Maria, spécialement le soir, avant de prendre son repos, pour se mettre, durant la nuit, sous la protection de la Reine du ciel.


Arrivons, sans plus tarder, aux deux plus grands promoteurs des Trois Ave Maria.

Le premier en date est SAINT LÉONARD DE PORT-MAURICE, franciscain, un des plus célèbres mission­naires des temps modernes (1676-1751) et qui vient d’être constitué Patron des Missionnaires. Pendant plus de cinquante ans, il parcourut presque toute l’Italie, ainsi que la Corse, qui en faisait alors partie. Dans toutes ses missions, comme dans ses livres de piété, il insiste fréquemment sur les Trois Ave Maria, à réciter dévotement le matin et le soir.

Il aimait à répéter inlassablement le mot d’ordre sui­vant :

- « Tous les jours, soir et matin — (Attention ! tous, car la chose est très importante, — tous les jours, soir et matin, récitez Trois Ave Maria, en l’honneur de l’Immaculée Conception ; faites ensuite un acte de contrition, avec le ferme propos de ne plus pécher. Oh ! quelle sainte pratique de piété ! C’est un moyen très efficace d’assurer votre salut. »

Il écrivait à un religieux :

- « Suggérez, mon Père, à tous ceux que vous voyez, de réciter, matin et soir, les Trois Ave Maria, que j’ai tant recommandés, pour honorer l’Immaculée Concep­tion et pour remercier la Très Sainte Trinité ce tous les dons faits à notre auguste Reine ; qu’ils fassent ensuite un acte de contrition sur les péchés passés, avec un ferme propos de ne plus pécher à l’avenir. »


Citons, maintenant, SAINT ALPHONSE DE LIGUORI, le grand Docteur des temps modernes, qui fut, avec saint Léonard de Port-Maurice, un des plus ardents apôtres des Trois Ave Maria, et qui mérite d’en être appelé le Docteur, car, par son génie pratique, il fixa la manière de les réciter, et en établit, à tout jamais, l’excellence et l’efficacité. Il en parle en plus de quinze endroits de ses œuvres et jusque dans sa Théologie morale. Ecoutons-le :

- « Parmi les pénitences généralement utiles à tous, citons, en particulier, celle-ci : Trois fois la Salutation Angélique, le matin et le soir, en disant : « Marie, ma Mère, venez à mon aide aujourd’hui, pour que je ce commette pas de péché. »

« Quant à moi, ajoute-t-il, j’ai coutume d’imposer comme pénitence, ou tout au moins de conseiller cette pratique à tous ceux qui n’en ont pas l’habitude. »

Et plus loin : « Que le confesseur ait grand soin, surtout auprès des enfants, d’insinuer la dévotion envers la Mère de Dieu, et de les porter à réciter, chaque jour, le Rosaire et Trois Ave Maria, matin et soir, en ajoutant toujours cette prière : Marie, ma bonne Mère, préservez-moi du péché mortel. » — (Praxis eonfessarii.)

- « Ne nous lassons jamais d’inspirer à tous, aux dévots et aux pécheurs, la dévotion à la divine Marie, parti­culièrement en se recommandant à la Bienheureuse Vierge le matin et le soir, par Trois Ave Maria, afin qu’elle les préserve du péché mortel. » — (Avis aux prêtres).

- « Au sujet de l’Ave Maria, que la première pratique de cette prière, soit de dire, matin et soir, en se levant et en se couchant, Trois Ave Maria, la face contre terre ou au moins à genoux. » — (Gloires de Marie, 2ème partie).


A la suite de saint Alphonse de Liguori, nous pourrions mentionner tous les Saints et Bienheureux Rédemp­toristes, car leur fondateur fit, des Trois Ave Maria du matin et du soir, un point de règle, pour chaque jour. D’ailleurs, tous, à son exemple, ont prêché et recom­mandé cette sainte pratique aux pieux fidèles. Citons particulièrement le célèbre SAINT GERARD MAJELA, qui la propagea de tout son pouvoir (1726-1756).


Nommons encore un illustre saint moderne, SAINT JEAN-BAPTISTE ROSSI, chanoine régulier, qui vécut à Rome et mourut en 1764 après avoir été, lui aussi, un ardent apôtre des Trois Ave Maria ; il se servit de ce moyen, dit son historien, pour faire « d’innombrables conversions ».


Nous ne pouvons que mentionner, à la hâte, quelques autres saints et illustres personnages des temps modernes, spécialement :

LE VENERABLE LOUIS-MARIE BAUDOIN, fondateur des Ursulines de Chavagnes (1765-1835), qui adressa ces paroles à un gentilhomme : « Récitez chaque jour trois Ave Maria ; si vous êtes fidèle à payer ce tribut d’hom­mage à Marie, je vous promets le paradis » ;

LE VENERABLE PERE CHAMPAGNAT (+ 1840), fonda­teur des Frères Maristes, recommandait beaucoup les Trois Ave Maria. Aussi est-ce la coutume, dans les Juvénats et Noviciats de son Institut de les réciter matin et soir, en commun, à haute voix.

LE SAINT CURE D’ARS, qui propagea les Trois Ave Maria au moyen d’une feuille de propagande, où l’on re­commandait cette pratique, avec une autre prière à la Très Sainte Vierge, pour obtenir une bonne mort (+ 1859) ;

SAINT GABRIEL DE L’ADDOLORATA, qui voulait qu’on récitât souvent dans la journée, les Trois Ave Maria (1838-1861)

LE BIENHEUREUX PERE ANTOINE-MARIE CLARET, fondateur de la Congrégation des Fils du Cœur Immaculé de Marie fut le plus grand missionnaire de l’Espagne au XIXème siècle. Comme remède contre les habitudes vicieuses, il recommandait, en premier lieu, les Trois Ave Maria du matin et du soir (1870) ;

SAINT JEAN BOSCO, qui en fit un point de règle pour tous ses enfants (1815-1888) ;

La séraphique vierge, SAINTE GEMMA GALGA­NI, une des grandes extatiques modernes, qui récita tous les jours ses Trois Ave Maria, les mains sous ses genoux (1878-1903).


Parmi les personnages célèbres, zélateurs des Trois Ave Maria, nommons encore le PERE JOSEPH DU TREM­BLAY, capucin, au XVIIème siècle ; le pieux Mgr DE SEGUR ; le savant Mgr GAUME, dans son Catéchisme de persévérance ; l’illustre PERE MARIE-ANTOINE DE LAVAUR, capucin, surnommé le « Saint de Toulouse », qui attribuait les succès de ses missions aux Trois Ave Maria et fut même notre collaborateur dans la propagande de cette salutaire dévotion ; le BIENHEU­REUX JOSEPH COTTOLENGO, si célèbre en Italie (1786-1842) ; — le vénéré PERE VALENTIN PAQUAY, francis­cain belge mort en odeur de sainteté, en 1905 ; — le pieux Frère NORBERT DE MARIE, mort saintement à 18 ans, au Noviciat des Frères des Ecoles Chrétiennes à Montréal (Canada), en 1910.

Certes, voilà plus d’autorités qu’il n’en est besoin pour appuyer et recommander une pratique qui a encore pour elle, nous allons le voir, l’autorité de l’Eglise.


IV. LES PAPES ET LES TROIS « AVE MARIA »

Un très grand nombre de Papes depuis GREGOIRE IX, au XIIIème siècle, jusqu’à Benoît XV, et Pie XI ont approuvé et encouragé la récitation des Trois Ave Maria, dans ses multiples variantes.

JEAN XXII, attache des indulgences à cette pratique. JULES II compose trois salutations à la Reine de Mi­séricorde, avec Trois Ave Maria, qu’il recommande à tous les fidèles.

BENOIT XIV lui-même, surnommé le plus savant des Papes, récite chaque jour ses Trois Ave Maria en l’hon­neur de Notre-Dame du Bon Conseil, pour implorer ses lumières et sa protection.

Arrivons, sans tarder, à l’immortel PIE IX, qui fut le premier à réciter les Trois Ave Maria pour l’Eglise, après la sainte Messe, dans sa chapelle privée, pratique que Léon XIII étendit ensuite à toute l’Eglise. Pie 1Xaccorda encore 300 jours d’indulgence à la récitation des Trois Ave Maria devant certaines images ou statues célèbres de la Très Sainte Vierge. Il en fut de même de Léon XIII et de Pie X.

Mais il était réservé à LEON XIII, de glorieuse mémoire, de sanctionner à tout jamais la pratique des Trois Ave Maria, tels que nous les propageons, en accordant 200 jours d’indulgence, une fois le jour, à tous les fidèles du monde entier qui réciteraient les Trois Ave Maria du matin et du soir, avec l’invocation qui fait partie de cette pratique : « O ma Mère, préservez-moi aujourd’hui du péché mortel. »

A partir de ce moment, les Trois Ave Maria prirent une extension extraordinaire, qui fait, chaque jour, de nouveaux progrès.

A peine monté sur la Chaire de Pierre, PIE X voulut donner une marque de bienveillance à une dévotion si pieuse et si salutaire.

Par l’entremise de son secrétaire d’Etat, le cardinal Merry del Val, Sa Sainteté Pie X, par une lettre en date du 27 septembre 1903, daignait approuver de nouveau la dévotion des Trois Ave Maria, et accorder la BENEDICTION APOSTOLIQUE à tous ceux qui observent cette pieuse pratique.

De plus, au lendemain des fêtes mariales en l’honneur du jubilé du dogme de l’Immaculée Conception, Pie X daignait encore accorder 300 jours d’indulgences à chaque récitation des Trois Ave Maria du matin et du soir, à la condition d’ajouter, après chaque Ave Maria, cette formule que saint Alphonse recommandait surtout aux âmes religieuses : « Par votre Immaculée Conception, ô Marie, purifiez mon corps et sanctifiez mon âme ».

Ce saint Pontife daigna encore approuver la Neuvaine, dite efficace, des Trois Ave Maria et la recommander aux fidèles en leur accordant, par un précieux autographe, la Bénédiction Apostolique. Cette même faveur fut renouvelée par Benoît XV, qui voulut bien accepter une statue de Notre-Dame des Trois Ave Maria, dont il fit remercier par son secrétaire d’Etat, le Cardi­nal Gasparri (25 mars 1916).

Enfin, le même Pape BENOIT XV daignait accorder à cette dévotion des Trois Ave Maria, devenue mondiale, LA CONSECRATION OFFICIELLE la plus haute par l’é­rection de l’ARCHICONFRERIE UNIVERSELLE des Trois « Ave Maria ». (Bref du 30 juillet 1921).

A son tour, Sa Sainteté Pie XI daigna accorder dans une audience privée, la Bénédiction Apostolique pour tous les Directeurs, leurs auxiliaires et les membres de l’Archiconfrérie.


IIème partie : Pratique de la dévotion des trois Ave Maria

I. LES TROIS « AVE MARIA » DU MATIN ET DU SOIR

Cette sainte dévotion consiste, essentiellement, d’après la révélation de la Bienheureuse Vierge à sainte Mechtilde, à réciter, tous les jours, trois Ave Maria pour remercier les Trois Personnes de la Sainte Trinité des admirables privilèges de Puissance, de Sagesse et de miséricordieuse Bonté qu’elles ont départis à notre divine Mère, et obtenir, par son intercession, la grande grâce de la bonne mort.

Chacun doit veiller à dire avec piété et dévotion ces Trois Ave Maria, tous les jours de sa vie, autant que pos­sible, sans y manquer jamais, par sa faute ou par négli­gence, afin de mériter, chaque jour, la protection de la Reine du ciel, et de s’assurer ainsi sa miséricordieuse assistance pour l’heure redoutable de la mort.

On peut réciter ces Trois Ave Maria plusieurs fois par jour, par dévotion, ainsi que font quelques-uns, et même chaque fois qu’on entend les heures sonner ; mais, d’après l’usage introduit et recommandé par les saints, spécialement par saint Léonard de Port-Maurice et saint Alphonse de Liguori, il convient de les réciter, le matin, en se levant, et le soir, avant de prendre son repos.

De plus, pour gagner les indulgences, il est en général nécessaire, comme nous l’avons vu, d’ajouter certaines invocations. Ainsi on peut dire, à la fin des Trois Ave Maria : « O ma Mère, préservez-moi aujourd’hui du péché mortel. »

Telle était la méthode que, d’une manière générale, le grand docteur saint Alphonse de Liguori recomman­dait à tous les fidèles, dévots ou pécheurs, enfants ou vieillards ; et il voulait qu’on n’y manquât jamais, tant il y attachait d’importance au point de vue de la vie chrétienne.

Cependant, à certaines personnes pieuses et surtout aux religieuses, il conseillait de dire, après chaque Ave Maria : « Par votre Conception Immaculée, ô Marie, purifiez mon corps et sanctifiez mon âme. »

Ces deux méthodes étant également bonnes, libre à chacun d’adopter celle qui a ses préférences, mais, d’une manière générale, nous recommandons la première, plus à la porté de tous, et plus conforme à la pratique des Trois Ave Maria révélée par la Très Sainte Vierge à sainte Mechtilde.

Le principal est de s’acquitter pieusement, chaque jour, autant que possible matin et soir, de la pratique adoptée.

Le moment le plus favorable pour réciter les Trois Ave Maria est celui du lever et celui du coucher. De la sorte, on ne serait pas exposé à les oublier. On pourrait encore, pourvu toutefois que l’on soit bien fidèle à sa prière du matin et du soir, les réciter immédiatement après celle-ci.

Si malgré tout, par négligence ou sous prétexte d’un travail pressant, on était tenté d’omettre sa prière ordi­naire du matin ou du soir, au moins que les fidèles n’omettent pas la récitation si courte des Trois Ave Maria, pour se mettre sous la protection de la Très Sainte Vierge pendant le jour et pendant la nuit.

Beaucoup de bons chrétiens et de pauvres pécheurs ont dû leur salut éternel, on n’en peut douter, à leur fidélité constante à cette salutaire pratique. Nous en avons rap­porté un très grand nombre d’exemples.

La perfection de cette pratique demande qu’on récite les Trois Ave Maria à genoux, et même, si l’on veut, « profondément incliné », comme le demandait saint Léonard de Port-Maurice, ou encore « la face contre terre », selon la pratique conseillée par saint Alphonse de Liguori.

Toutefois, il suffit de les réciter à genoux, ou même, si l’on en est empêché, dans une autre position convenable, même étant couché. L’essentiel, nous l’avons dit, est de réciter les Trois Ave Maria avec piété, en l’honneur ce la divine Marie et en vue d’obtenir sa maternelle protec­tion pendant la vie et à l’heure de la mort. S’il en est ain­si, cette bonne Mère ne manquera pas à sa promesse. En vertu de sa Puissance, de sa Sagesse et de sa Miséricorde, elle obtiendra aux fidèles dévots des Trois Ave Maria, toutes les grâces nécessaires, soit pour être préservés du péché mortel, soit pour se convertir, faire une bonne mort et ainsi aller au ciel.


II. LA NEUVAINE DES TROIS « AVE MARIA », OU« NEUVAINE A NOTRE-DAME DE LA TRINITE »

Les Trois Ave Maria en l’honneur de la Sainte Trinité et des trois privilèges de Marie Immaculée sont une pratique si agréable à cette divine Mère qu’elle s’est plu très souvent à exaucer ceux qui se servaient de cette prière pour lui demander des grâces, soit spirituelles, soit temporelles.

C’est même de là que provient l’origine de la Neuvaine des Trois Ave Maria appelée plus justement aujourd’hui : « Neuvaine à Notre-Dame de la Trinité. » Cette Neuvaine a obtenu de la Très Sainte Vierge tant de faveurs que la voix populaire l’a appelée « Neuvaine efficace ».

Parmi ces grâces, un grand nombre sont réputées mi­raculeuses, comme des conversions soudaines et extraordinaires, ou des guérisons instantanées, arrivées contre tous les pronostics des médecins.

Faute de temps ou pour un autre motif, les Trois Ave Maria récités pendant neuf jours, à telle ou telle intention, peuvent suffire ; mais pour des grâces importantes, il est avantageux de recourir à notre Neuvaine complète. Car c’est surtout à cette Neuvaine proprement dite que sont dues, les grâces les plus innombrables et les plus surprenantes.

Toutefois, on s’imaginerait faussement que, par cette prière, on obtiendra toujours et infailliblement ce qu’on demande. Elle est efficace, mais non infaillible, car : 1° souvent, on demande ce qui n’est pas le plus avanta­geux pour l’âme ; 2° on ne prie pas toujours avec assez de conformité à la volonté de Dieu, avec assez d’humilité et de persévé­rance, toutes conditions indispensables pour qu’une prière soit vraiment bien faite.

Plus grande aussi sera la confiance en la Puissance, la Sagesse et la Miséricorde de la Vierge Immaculée, plus nombreuses et signalées seront les grâces reçues.

Nous recommandons encore avec instance la persévé­rance dans la récitation de ces neuvaines, jusqu’à ce que la grâce demandée soit obtenue, ou jusqu’à manifestation complète de la volonté de Dieu dans un autre sens.

Il ne faut donc jamais perdre confiance, car, si l’on prie bien, on obtiendra toujours quelque chose, et si ce n’est pas ce qu’on aura demandé (et qui n’est pas toujours le meilleur), ce seront souvent des grâces plus grandes, spirituelles et même quelquefois temporelles.

Lorsqu’il s’agit de grâces importantes, nous conseillons de faire au moins trois neuvaines consécutives, ou plutôt, de ne pas cesser jusqu’à obtention de la faveur demandée ou d’une autre équivalente ou plus avantageuse.


Voici la formule de cette Neuvaine :


NEUVAINE A NOTRE-DAME DE LA TRINITE

1. — O Marie, VIERGE PUISSANTE, « Virgo potens », Vous à qui rien n’est impossible… par cette Puissance mê­me dont vous a gratifiée le Père Tout-Puissant, je vous en conjure, assistez-moi dans la nécessité où je me trouve. Puis donc que vous pouvez me secourir, ne m’abandonnez pas, ô vous qui êtes l’Avocate des causes les plus déses­pérées !

Il me semble que la gloire de Dieu, votre honneur et le bien de mon âme, sont attachés à la concession de cette faveur.

Si donc, comme je le pense, elle est conforme à la très aimable et très sainte Volonté de Dieu, je vous en prie, ô TOUTE PUISSANCE SUPPLIANTE, « Omnipotentia sup­plex », intercédez pour moi auprès de votre Fils qui ne peut rien vous refuser.

Je vous le demande de nouveau, au nom de la Puissance sans borne que le Père céleste vous a communiquée, à Vous sa fille bien-aimée, et en l’honneur de laquelle je vous dis, en union avec sainte Mechtilde, à qui vous avez révélé la salutaire pratique des Trois Ave Maria :

AVE MARIA, etc.


2. — Divine, Vierge, qui êtes appelée le TRONE DE LA SAGESSE : « Sedes sapienthe », parce que la Sagesse incréée le Verbe de Dieu, a résidé en vous…, vous à qui cet adorable Fils a communiqué toute l’étendue de sa science divine, dans la mesure où la créature la plus parfaite pouvait la recevoir, vous connaissez la grandeur de ma misère et quel besoin j’ai de votre assistance.

Confiant dans votre divine Sagesse, je m’abandonne en­tre vos mains, afin que vous disposiez tout avec force et douceur, pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de mon âme.

Daignez donc me venir en aide, par les moyens que vous savez être les plus propres à atteindre cette fin.

O Marie, Mère de la divine Sagesse, daignez je vous en .supplie, m’obtenir la grâce précieuse que je sollicite : je vous le demande au nom même de cette sagesse incompa­rable dont le Verbe, votre Fils, vous a illuminée, vous sa Mère très aimée, et en l’honneur de laquelle je vous dis, en union avec saint Léonard de Port-Maurice, le plus zélé prédicateur de vos Trois « Ave Maria » :

AVE MARIA, etc.


3. — O bonne et tendre Mère, vraie MERE DE MISE­RICORDE, « Mater Misericordiæ », vous dont l’Esprit d’Amour embrasa le cœur d’une tendresse sans limite pour les pauvres humains, je viens vous supplier d’user envers moi de votre bonté compatissante.

Plus ma misère est grande, plus elle doit exciter votre compassion.

Je le sais, je ne mérite aucunement la grâce précieuse que je désire, moi qui vous ai si souvent contristée en offensant votre divin Fils. Mais, si été coupable, très coupable, je me repens sincèrement d’avoir blessé le Cœur si tendre de Jésus et le vôtre.

D’ailleurs, n’êtes-vous pas, comme vous l’avez révélé à l’une de vos servantes, sainte Brigitte, « la Mère des pé­cheurs repentants » ? Pardonnez-moi donc mes ingrati­tudes passées, et, considérant uniquement votre Bonté miséricordieuse, ainsi que la gloire qui en reviendra à Dieu et à vous, obtenez-moi, de la miséricorde divine, la grâce que j’implore par votre intercession.

O vous, qu’on n’a jamais implorée en vain, « ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie », « o clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria ! » daignez, daignez me secou­rir, je vous en conjure, par cette misiéricordieuse bonté dont le Saint-Esprit vous a remplie pour nous, vous son épouse tendrement aimée, et en l’honneur de laquelle je vous dis, avec saint Alphonse de Liguori, l’apôtre de votre miséricorde et le docteur des Trois « Ave Maria » :

AVE MARIA, etc.


  1. AVE, Salutations à Marie Immaculée, par l’Abbé J. Sagette, chap. I.
  2. Ibid.
  3. « Nous pouvons conclure avec vérité qu’aucune des Personnes divines n’est exempte du salut apporté par l’Ange à la Vierge Marie ; que, au contraire, toutes trois l’ont répété de concert et comme à l’envi… (Cf. l’Evangile du Pater et de l’Ave, p. 27, par le chanoine Quiévreux).
  4. Cette musique céleste a duré trois jours, d’après le récit de saint Jean Damascène.
  5. Cité mystique, troisième partie, livre VIII, chap. XX, n° 747.
  6. Le livre de la Grâce spéciale ou Révélations de sainte Mechtilde traduites sur l’édition latine des Pères Bénédictins de Solesmes, pp. 159, 160.
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