Aperçu de la curie Romaine

De Salve Regina

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Histoire de l'Eglise
Auteur : Abbé Quentin Sauvonnet
Date de publication originale : 2005

Difficulté de lecture : ♦ Facile

Bref aperçu de la curie romaine

Pour beaucoup, la curie romaine apparaît comme une lointaine nébuleuse aux ramifications complexes. Aussi ne semble-t-il pas inutile de présenter cette curie tant dans son aspect historique que dans son organisation actuelle.


Origine et développement historique de la Curie :

Dès l'origine le pape s'occupe – lorsque l'occasion lui en est offerte – des grands intérêts de la catho­licité. Il en est en effet, en tant que successeur de saint Pierre, le chef suprême. Comme tous les évêques, il a son collège de prêtres, qu'il réunit pour demander leur avis. Cette réunion des prêtres­-cardinaux sous la présidence du pape, prend de plus en plus d'importance : elle devient, sous le nom de consistoire, un rouage important de l’administration papale : les évêques des diocèses proches de Rome y prennent part, et le pape les réunit de plus en plus souvent : dès le IXe siècle une ou deux fois par mois, et sous Innocent III trois fois par semaine. Ce pape écrivait aux évêques de Gaulle en 1198 : « Puisque la loi de la condition humaine ne permet pas, et que nous-mêmes nous ne pouvons porter en notre propre personne le poids de toutes les sollicitudes, nous sommes parfois contraints d’accomplir par le moyen de nos frères, membres de notre corps, les choses que nous accomplirions bien plus volontiers si l’utilité de l’Eglise nous le permettait ».

En dehors des consistoires, au XVIe siècle, les papes nommèrent des commissions cardinalices plus spécialement chargées de telle ou telle affaire. A ces commissions temporaires succédèrent des commissions permanentes ou Congrégations. Les consistoires ne furent plus dès lors que des séances d'apparat, et le vrai travail administratif fut fait dans ces congréga­tions.

La première en date de ces congrégations est celle du Saint-Office, organisée par Paul III eu 1512 pour la défense de la foi contre le protestantisme et qui reçut de Paul IV sa forme définitive eu 1558. La Congré­gation de l'Index, pour l'examen détaillé des livres suspects, fut créée par Pie V en 1571. En 1561 avait été instituée la Congrégation du Concile, pour l'inter­prétation des décrets du concile de Trente.

Le pape Sixte V, par la bulle Immensa aeterni Patris, de 1558, organisa définitivement tous les rouages du gouvernement de l’Eglise et éta­blit 15 congrégations de cardinaux dont 6 devaient pourvoir à l'administration des états romains, et les 9 autres à l’Eglise universelle. Ces diverses congré­gations formaient comme autant de ministères ayant chacun ses attributions spéciales, ses bureaux, ses employés, et exerçant chacun son autorité dans une sphère déterminée du gouvernement de l’Eglise.

Cette structure ne fut remaniée en profondeur que par la bulle Sapienti consilio de Saint Pie X. Il était en effet devenu nécessaire de déterminer à nouveau l’objet de certaines congrégations, d’autant qu’après la perte du pouvoir temporel survenu au XIXe siècle, plusieurs organes étaient devenus impropres à ce qu’on attendait d’eux. La curie a de nouveau été réformée sous le pontificat de Paul VI en 1967 par le décret Christus Dominus et sous celui de Jean-Paul II, en 1988 par la constitution apostolique Pastor Bonus.


Organisation actuelle de la curie

On le constate à la lecture d’Innocent III, les papes considèrent la curie comme un prolongement d’eux-mêmes. C’est cette idée que développe le Saint Père dans Pastor Bonus : « la caractéristique principale de tous et de chaque dicastère de la Curie romaine est d'être ministérielle, comme l'affirment les termes du décret Christus Dominus : « Le Pontife romain se sert des dicastères de la Curie romaine ». On indique ainsi de manière évidente le caractère instrumental de la Curie, décrit en un certain sens comme un instrument entre les mains du Pape, à tel point que cet instrument n'a ni autorité ni pouvoir en dehors de ceux qu'il reçoit du Pasteur suprême. » (n°7)

La Curie romaine s’organise de la façon suivante : le Secrétaire d’Etat, le plus proche collaborateur du pape, sorte de Premier ministre, dirige la Secrétairerie d’Etat qui comporte deux sections, l’une pour les Affaires générales et l’autre pour les relations avec les Etats. Quant aux dicastères (du grec diskasterion: tribunal), appellation qui désigne aujourd’hui les organismes les plus importants de la Curie (Congrégations et Conseils pontificaux notamment), on peut les comparer à des ministères. Alors qu’auparavant, c’était le Saint-Office (aujourd’hui la Congrégation pour la doctrine de la foi) qui avait la prééminence, c’est, depuis Paul VI, la Secrétairerie d’Etat qui coiffe non seulement l’ensemble des dicastères mais aussi le réseau diplomatique des 184 nonciatures, les ambassades du Saint Siège à l’étranger.

Il y a 9 Congrégations dirigés par 9 Préfets, la plupart du temps des cardinaux. La Congrégation pour la doctrine de la foi, des Eglises orientales, du Culte divin et de la discipline des sacrements, de la cause des saints, des évêques, de l’évangélisation des peuples, du clergé, des instituts de vie consacrée et de vie apostolique, enfin de l’éducation catholique.

Autres dicastères, les 11 Conseils pontificaux (nés après le Concile Vatican II) : Conseil pontifical pour les laïcs, la promotion et l’unité des chrétiens, la famille, Justice et Paix, Cor Unum (action caritative), la pastorale des migrants, la pastorale des services de la santé, l’interprétation des textes législatifs, le dialogue inter religieux, la culture, les communications sociales. Ces Conseils pontificaux sont dirigés par des cardinaux et évêques du monde entier.

A des degrés divers et selon leur objet propre, ces congrégations participent au pouvoir du pape. Ce pouvoir papal s’exerce dans trois domaines : la Foi, les sacrements et le gouvernement. On comprend que l’autorité d’un document romain sera d’autant plus importante qu’elle participe à ce pouvoir papal. Ainsi, quand le cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, publie un document qui clarifie un aspect dogmatique, cet acte doit être considéré comme le prolongement de l’action du pape en matière de foi. Par ailleurs, quand ce même cardinal vient à publier ses mémoires, toutes enrichissantes qu’elles puissent être, celles-ci ne peuvent avoir autant d’autorité qu’un document qu’il signe en tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Bien connaître l’histoire et la structure de la curie permet donc de souligner de façon plus évidente l’autorité de ses préfets, des congrégations qu’ils président et des documents qui en émanent.

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