Le péché

De Salve Regina

La confession
Auteur : abbé Q. Sauvonnet.

Difficulté de lecture : ♦ Facile

I. Notion

Selon la définition du péché que l’on donne, toute une façon d’aborder cette notion en découle. A ne le présenter que comme une désobéissance à la loi – ce qui n’est certes pas faux – on pourrait croire que l’adage : « il faut faire le bien et éviter le mal » est une sorte d’impératif catégorique : il faut faire le bien parce qu’il le faut, éviter le mal parce qu’il le faut.

Or passerait là à côté du formel du péché qui est un désordre. Désordre veut dire transgression d’un ordre. La notion d’ordre est capitale. La bien saisir, c’est comprendre l’harmonie qui en découle.


Ainsi le péché nous apparaît-il avec St Augustin comme « tout acte ou toute parole ou tout désir contraire à la loi éternelle » ; ou avec St Thomas « un acte par lequel l’homme se détourne volontairement de Dieu fin dernière, pour se tourner vers un bien fini ». Deux éléments toujours présents l’aversion de Dieu et la conversion vers un bien fini.


Ailleurs Saint Thomas nous dit : « A l’idée de péché, deux éléments concourent, à savoir un acte volontaire et le désordre de cet acte'. »

  1. un acte volontaire : cela implique l’advertance et la volonté.
  2. l’acte est ainsi privé de la rectitude convenable, ce qui nous détourne de Dieu.

D’où la définition du péché : un acte humain privé de la rectitude convenable.


D’où vient à l’acte humain la privation de rectitude convenable ?

Tout acte humain est mauvais dont la direction s’écarte de la vraie fin dernière, Dieu, et de la loi ou règle qui y conduit. Quelle est cette règle ?

  • Ce n’est pas la volonté humaine elle-même (pensez au relativisme morale actuelle : chacun sa vérité, chacun son bien, ce qui est bon pour l’un peut être mauvais pour l’autre, chacun est à lui-même sa propre règle).
  • Cette règle supérieure obligatoire n’est autre que Dieu même. La loi divine nous est manifestée par la conscience. Nous insistons sur ce point : le bon Dieu n’a pas déterminé arbitrairement ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Cette bonté se trouve dans l’ordre des choses elles-mêmes selon qu’elles conduisent ou détournent de Dieu. Ainsi donner l’aumône est bien, tuer son voisin est mauvais : l’un conduit à Dieu, l’autre en détourne.
  • Les péchés seront donc plus ou moins graves (mortels ou véniels) selon qu’ils détournent plus ou moins de Dieu, qu’ils détruisent l’amour souverain de Dieu et l’amour ordonné de soi-même et du prochain.


Le péché se divise en deux sortes : le péché originel, commun à tous les hommes, et le péché personnel (celui que nous expérimentons quotidiennement). C’est ce dernier que nous allons expliquer. Mais il faut bien voir que le terme de péché s’emploie dans deux sens : l’acte mauvais que l’on pose, lequel est transitoire, et les traces qui accablent l’âme suite à cet acte, lesquelles demeurent : « être en état de péché mortel ».


II. L’acte du péché

Les différentes façons de péché :

  • positivement (i. e. en agissant) : pensées, paroles, actions.
  • négativement (i. e. en n’agissant pas quand on est tenu de le faire) : l’omission.

Les causes du péché :

  • les passions ou la concupiscence. D’après saint Jean (1ère épître, chap. II, vers. 16), on distingue une triple concupiscence : 1. concupiscence de la chair : intempérance et luxure, 2. concupiscence des yeux : curiosité, convoitise des richesses, 3. l’orgueil de la vie : soif désordonnée des honneurs, de la gloire.
  • Le monde
  • Le démon. « tel un lion rugissant qui rode autour de nous cherchant qui dévorer », le démon cherche par la tentation à exciter les passions. Attention : Bien distinguer la tentation du péché. Etre tenté n’implique pas de soi péché de notre part. Au contraire, résister à la tentation est pour nus cause de mérites.


La gravité du péché :

  • objective, c'est-à-dire en raison de la personne offensée. Sous ce point de vue, le péché comporte une gravité infinie, et ce quelque soit le péché (même véniel). Car la gravité d’une offense se prend de la personne offensée.
  • subjective, c'est-à-dire pour la personne qui pèche. La gravité ou les dégâts sont plus ou moins importants selon que le péché est mortel ou véniel.


Péché mortel et péché véniel

On distingue le péché mortel du véniel en raison

  • de l’objet de l’action peccamineuse : qui pour le mortel détourne radicalement de Dieu.
  • et des conséquences dans l’âme : l’un cause la privation de la grâce sanctifiante, l’autre l’amenuise.


Pour commettre un péché mortel, il faut :

  • une matière objectivement grave, car c’est vers cette matière que se porte la volonté
  • savoir que c’est grave (connaissance)
  • accepter malgré tout  de désobéir, i. e. vouloir mal agir (consentement).


III. Les traces du péché

Ces traces sont de deux sortes :

La souillure :

Cette charge ou culpabilité est appelée par Saint Thomas la tache du péché. En effet le pécheur est coupable envers Dieu et souillé en son âme. Culpabilité et souillure sont les deux aspects d’une même réalité : la culpabilité dit l’état du pécheur par rapport à Dieu qu’il a offensé ; la souillure dit son état par rapport à lui-même qu’il a corrompu par une attache déréglée aux biens finis et privé de l’état de la grâce.


La peine :

Le péché est une injustice, puisqu’il est un refus de soumission à la loi divine. Le pécheur est donc chargé d’une dette envers la justice de Dieu et obligé de subir une peine en compensation de l’ordre violé.

Tout péché mérite une peine. Le péché mortel en a deux en raison des deux éléments qui le constitue : la peine du dam pour l’aversion de Dieu et la peine des sens pour la conversion vers une créature.

Le péché véniel en mérite une également. La pénitence imposée par le prêtre après la confession a pour but de la payer. On peut la payer par la pratique de l’aumône, de la prière et des pénitences. Si elle n’est pas totalement remise à notre mort, nous la paierons au purgatoire.

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