Le sort des enfants morts sans baptême

De Salve Regina

Les sacrements
Auteur : Abbé Sébastien Leclère
Date de publication originale : 2000

Difficulté de lecture : ♦♦♦ Difficile
Remarque particulière : D'après St Thomas d'Aquin : Supplementum Appendice I art. 2 “Utrum pueri non baptizanti in anima afflictionem spiritualem sentiant.”


Le problème des enfants morts sans baptême.

Exposé de la question

L’homme a été créé dans l’état de justice originelle. C’est dire qu’en plus de sa nature il a reçu une grâce surnaturelle qui le destine à une fin qu’il ne pouvait absolument pas atteindre par lui même. La grâce de la justice originelle a été donnée à Adam non pas en tant que personne mais en tant que réalisant la nature humaine. C’est pourquoi on parle de l’état de justice originelle. Cet état n’est pas seulement personnel mais il affecte la nature humaine elle-même. Puisque la grâce originelle a été conférée à la nature humaine[1], dans le sens que l’on a dit, elle était transmissible à la descendance du premier homme, sans que la gratuité de cette grâce ne soit aucunement détruite. En donnant la grâce originelle à Adam, Dieu a donné la grâce originelle à tout homme descendant de lui, et réalisant la même nature.


Mais Adam a péché et par ce péché est tombé en disgrâce ; il a perdu les dons de la grâce originelle (ou dons préternaturels). C’est par un péché personnel[2] que la nature même d’Adam est déchue de son premier état. Le péché originel est donc formellement la privation[3] de la justice originelle qu’avait établie la grâce originelle. Adam était impassible, immortel, élevé dans la connaissance de Dieu du fait de cette grâce originelle ; les puissances inférieures de l’âme humaine étaient soumises à la puissance supérieure de l’âme humaine, l’intellect, et la volonté humaine ordonnée par nature à l’intellect était elle-même soumise à la volonté divine. Par son péché Adam est devenu passible, mortel, et affaibli dans sa connaissance de Dieu. Puisque le péché originel est la privation de l’état de justice originelle et que, on l’a vu, l’état de justice était transmissible à la descendance d’Adam, étant un état de nature - en ce sens que la nature humaine est affectée par la grâce originelle - il faut reconnaître que l’état de péché originel est transmissible selon le même mode que ce dont il est la privation. Donc tout homme naît dans l’état de péché originel. 


La grâce rédemptrice acquise par Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice, a rétabli objectivement la nature humaine dans l’amitié divine et même a dépassé la grâce originelle dans la perfection de ses fins[4]. Par le baptême le péché originel est détruit[5]. Non pas en ce sens que la concupiscence, la passibilité et la mort soient détruites mais en ce sens que la peine due au péché a été remise.


L’Église dès les temps patristiques s’est demandée quel était le sort des enfants morts sans baptême. Bien conscient du fait que l’enfant de la descendance d’Adam naît dans l’état de péché originel et donc dans la privation des dons qui l’ordonnaient à la vision de Dieu et du fait que seule la grâce rédemptrice que donne le baptême pouvait le réordonner à cette vision, saint Augustin ne craignait pas d’affirmer : « firmissime tene, et nullatenus dubites parvulos qui sine sacramento baptismatis de hoc saeculo transierunt, aeterno supplicio puniendos. »[6] Or comment affirmer que l’enfant mort sans baptême doit souffrir les peines éternelles alors qu’il n’a pas commis de péché actuel personnel ? Saint Thomas répond : « Ad primum ergo dicendum, quod supplicium non nominat in auctoritate illa poenam sensibilem, sed solum poenam damni, quae est carentia divinae visionis ; sicut etiam nomine ignis frequenter in scriptura quaelibet poena figurari consuevit.[7] » La benigna interpretatio ne peut dissimuler la vraie pensée de saint Augustin, que saint Thomas ne retient pas sur ce point.


Saint Thomas connaît les conséquences du fait que le péché originel est formellement la privation de l’état de justice originelle. L’homme qui est dans l’état de péché originel ne refuse pas per se[8] sa fin ultime - ainsi l’enfant qui n’a pas l’usage de sa raison - mais est seulement privé de l’ordination qui avait été donné au premier homme. Être privé de cette ordination originelle, du fait qu’on possède la nature humaine, n’est pas refuser actuellement l’ordination à la fin ultime. Saint Thomas dit très justement que la privation de la grâce originelle n’a pas raison de coulpe mais seulement de peine : « privatio enim gratiae non habet rationem culpae, sed poenae » [9] Saint Thomas distingue ce qui est de la nature et ce qui est de la personne[10].


L’article que nous considérons veut déterminer si les enfants morts sans baptême, avant l’âge de raison, c'est-à-dire avant même d’avoir pu poser un péché personnel actuel, sont soumis aux peines éternelles. Le corps de l’article présente trois opinions qui étaient tenues au moment où saint Thomas commente les Sentences de Pierre Lombard. Nous savons en effet que le Supplément de la Somme a été composé à partir du Commentaire du Livre des Sentences.

La première opinion tient que les enfants morts sans baptême ne subissent aucun tourment du fait que leur raison est obscurcie, à cause du péché originel, et donc qu’ils ignorent la privation de la fin surnaturelle que permettait d’atteindre la grâce originelle.

La deuxième opinion tient que les enfants morts sans baptême connaissent qu’ils sont privés de la vision surnaturelle de Dieu, mais que la douleur causée par cette connaissance est atténuée par le fait que la privation de la vision surnaturelle n’a pas été la conséquence d’un péché personnel actuel.

La troisième opinion tient que ces enfants ne subissent aucun tourment malgré leur connaissance du fait qu’ils sont privés de la vision surnaturelle de Dieu. On ne souffre aucunement de la privation d’un bien auquel on n’est absolument pas proportionné. Et l’enfant mort sans baptême connaît la disproportion entre sa nature et la grâce conférée par le baptême.


La deuxième opinion est écartée au nom d’un principe qui semble exclure le principe qui fonde la troisième opinion. En effet, l’intensité de la douleur est proportionnelle à la perfection du bien dont on est privé. C’est le principe qui exclut la deuxième opinion, principe que la troisième opinion nie puisqu’elle affirme que l’enfant mort sans baptême ne souffre pas de cette privation alors qu’il la connaît, du fait qu’on ne souffre pas de la privation d’un bien auquel on n’est aucunement proportionné. Or dans la deuxième opinion il est clair qu’il y disproportion entre la visio et la nature humaine réalisée par l’enfant.


D’autre part le corps de l’article tient que la troisième opinion est la plus probable. Il ne nous semble pas qu’elle le soit ni même qu’elle l’ait été pour saint Thomas d’Aquin. La troisième opinion suppose que l’enfant mort sans baptême a la connaissance de la privation de la grâce. Mais on ne peut connaître une privation qu’en connaissant au moins de quelque façon l’objet de la privation[11]. Or l’homme ne peut aucunement connaître par ses seules lumières l’existence de l’ordre surnaturel (en tant qu’il est communiqué à l’homme) et ne peut pas même en prouver la possibilité. Il ne nous semble pas qu’elle l’ait été pour saint Thomas car le Commentaire des Sentences présente souvent plus les différentes opinions théologiques du temps que sa pensée personnelle. C’est ce qui peut expliquer le fait que le principe qui écarte la deuxième opinion ne soit pas compatible avec celui qui fonde la troisième. Il reste que la première opinion semble la plus probable. L’enfant mort sans baptême ne peut absolument pas connaître l’ordre de la grâce et ne sait donc pas qu’il en est privé ; il ne peut souffrir de la privation d’un objet qu’il ne connaît pas. Le corps de l’article écarte la première opinion au nom de ce principe : « quod probabile non videtur, ut anima ab onere corporis absoluta ea non cognoscat quae saltem ratione investigari possint, et etiam multo plura »[12]. Le fait que l’âme soit séparée du corps ne change rien à la réalité de la disproportion entre la nature humaine et l’ordre de la grâce. Certes la disparition des difficultés qui sont la conséquence du mode humain de connaître, lié au phantasme, permet sans doute à l’âme humaine de connaître d’autres objets intelligibles, mais toujours proportionnés. Les réalités surnaturelles ne peuvent être comprises dans le « …et etiam multo plura »[13] La première opinion est d’ailleurs celle qu’exprime saint Thomas dans un texte postérieur au Commentaire du Livre des Sentences, un texte du de Malo : « …quod animae puerorum naturali quidem cognitione non carent, qualis debetur animae separatae secundum suam naturam, sed carent supernaturali cognitione, quae hic in nobis per fidem plantatur, eo quod nec hic fidem habuerunt in actu, nec sacramentum fidei susceperunt. Pertinet autem ad naturalem cognitionem quod anima sciat se propter beatitudinem creatam, et quod beatitudo consistit in adeptione perfecti boni ; sed quod illud bonum perfectum, ad quod homo factus est, sit illa gloria quam sancti possident, est supra cognitionem naturalem…Et ideo se privari tali bono, animae puerorum non cognoscunt, et propter hoc non dolent ; sed hoc quod per naturam habent, absque dolore possident. »[14] 


L’enfant mort sans baptême avant l’usage de la raison connaît donc Dieu naturellement autant que sa nature le lui permet. Certains[15] pourraient objecter alors que l’état de cet enfant mort sans baptême ne diffère aucunement de celui de l’homme qui n’aurait rien reçu de plus que sa nature, après sa mort, et qui serait mort sans péché. Il est question de l’hypothèse de l’état de pure nature[16] qui a été considérée par de nombreux théologiens[17] et qui révèle bien la gratuité absolue de la grâce surnaturelle. L’homme aurait pu être créé sans le don de la grâce originelle[18] et il aurait été passible, mortel et embarrassé dans sa connaissance intellectuelle par la nécessaire instrumentalité du phantasme, et cela qu’il eut péché ou non. Il aurait été passible et mortel car la matière est divisible de soi, autrement dit, est composée de principes contraires[19]. Si cet homme, créé dans l’état de pure nature, n’avait pas péché, il serait mort conformément aux principes de sa nature, sans aucune pénalité, et aurait connu Dieu de façon naturelle, connaissance qui aurait été une source de vraie joie naturelle[20]. Dans l’état de pure nature l’homme aurait été capable de poser des actes peccamineux et réserver le mot de péché à l’homme qui résiste à l’appel de la vie surnaturelle est fallacieux. C’est se méprendre sur ce qu’est réellement le péché ; le péché n’est pas strictement défini par son opposition à Dieu comme cause de la vie surnaturelle mais l’opposition au Créateur offensé dans la violation de la loi naturelle est déjà péché.


L’homme, créé en état de pure nature, serait donc mort et par là aurait perdu, sans aucune faute de sa part l’unité substantielle de sa nature. Il faut répondre que l’âme intellective subsistant sans être unie au corps connaît selon un mode intellectif supérieur au mode intellectif lié au phantasme[21], et que cela est une raison suffisante pour justifier la destruction du composé humain. Le composé humain est certes une substance complète et en cela est supérieur à l’âme intellective qui est un principe ontologique (et à ce titre n’est pas une substance complète) mais la supériorité de l’acte intellectif de l’âme séparée suffit à faire du composé humain un bien temporaire, dans cette hypothèse de l’état de nature pure.


Si l’enfant mort sans baptême connaît Dieu naturellement et jouit de cette connaissance, alors la pénalité du péché originel semble ne pas bien apparaître, puisqu’on a vu que ce bonheur aurait été celui de l’homme mort en état de nature pure et sans péché. Il faut répondre que la pénalité du péché originel consiste, chez l’enfant mort sans baptême, dans la privation de la grâce originelle qui était transmissible avec la nature humaine, comme on l’a vu. La grâce originelle n’était pas due à la nature humaine en tant que telle mais elle était due à la nature humaine en tant que transmissible une fois donnée au premier homme, du fait qu’elle affectait sa nature ; on affirme par là la gratuité de la grâce originelle et le fondement de la pénalité de sa privation chez l’enfant. Mais comme l’enfant, mort avant l’usage de raison, n’a pas pu vouloir sa fin ultime (même naturelle) de façon élicite, la pénalité ne s’est pas traduite dans la personne, sujet des péchés actuels. Le péché originel a bien raison de peine par rapport à la nature de l’enfant mort sans baptême. Le nier serait réduire la nature humaine à la personne.


Addendum : pour savoir qui est visé :

RT J.H. Nicolas 1995 n°3 p 371-399

p 374 Cajetan suppose donc que, s’il avait été créé dans l’état de pure nature, l’homme aurait été exempt de la concupiscence et de la fragilité de son vouloir du bien, ce qui lui aurait rendu réellement possible de conserver sa rectitude morale, s’il l’avait voulu.

Hypothèse malheureusement dépourvue de tout fondement, et donc invérifiable. Hypothèse d’ailleurs parfaitement inutile, heureusement ! L’homme en fait a été créé par Dieu pour la vie éternelle. Il a été fait enfant de Dieu en même temps qu’il a été fait homme…

p 377 Et maintenant, qu’est-ce que le surnaturel ? Le surnaturel c’est ce par quoi Dieu est au-dessus, à l’infini, de toutes les créatures, de toutes les choses et les personnes qui ne sont pas lui, qui ne sont que par lui.

P 380 Le plus important de ces théologiens fut le Père de Lubac. La solution qu’il propose du problème des rapports entre la nature et la grâce est acceptée pour l’essentiel par la plupart des théologiens qui, s’intéressant à la question, refusent la solution Cajetanienne…


RT Humbrecht 1993 XCII n°4

Parler du désir de voir Dieu n’est pas pour saint Thomas s’enquérir des potentialités d’une “nature pure”, de l’essence de l’homme posée en elle-même, indépendamment de sa destination éminemment et premièrement “surnaturelle”. L’homme est naturellement capable de Dieu parce qu’il a été créé par lui dans la grâce et pour la gloire.


Précisions sur le sort des enfants morts sans baptême

Suite à une réaction de lecteur

Si l’on admet que l’enfant mort sans baptême connaît Dieu d’une connaissance naturelle autant qu’il peut être connu naturellement et que cette connaissance est pour lui cause d’un bonheur naturel aussi grand qu’il est possible, et que l’on admet par ailleurs qu’il est affecté par le péché originel qu’il a reçu en recevant la nature humaine, il est certes difficile de voir en quoi se manifeste en lui le péché originel qui affecte sa nature.

Certains théologiens qui s’inscrivent dans une tradition augustinienne, voient une contradiction dans la double affirmation du parfait bonheur naturel et d'une nature humaine affectée par le péché originel, et pour cela concluent que les enfants morts sans baptême sont damnés, c'est-à-dire réprouvés. Selon ces auteurs c'est précisément parce que les enfants morts sans baptême sont affectés dans leur nature par le péché originel qu'ils ne peuvent pas connaître un bonheur naturel parfait. Cette opinion théologique n'est pas condamnée mais elle n'est pas non plus notre opinion.

La difficulté est donc, si l'on refuse l'opinion augustinienne, d'exprimer en quoi le péché originel affecte réellement la nature humaine de l'enfant mort sans baptême si celui-ci connaît Dieu naturellement et non de cette connaissance naturelle. Mais si l'on considère que le péché originel est, comme peine, la privation de la grâce de la justice originel et des dons préternaturels qui ont été donnés à nos premiers parents comme affectant leur nature - est donc comme transmissibles par la transmission de leur nature - alors on peut affirmer que chez l'enfant mort sans baptême la privation de la grâce originelle et des dons préternaturels qu'il aurait reçu si les premiers parents n'avaient pas péché, a raison de peine. Cela suffit pour affirmer que le péché originel affecte réellement la nature humaine de l'enfant mort sans baptême. Mais par ailleurs on ne voit pas que la privation de la grâce de la justice originelle empêche la connaissance naturelle de Dieu.

L'enfant mort sans baptême avant l'usage de sa raison - interne ou externe - est privé de la grâce de la justice originelle et connaît Dieu naturellement et il n'y a là aucune contradiction. Si l'enfant est mort avant l'usage de sa raison il n'a pas pu se déterminer par rapport à sa fin ultime que et le péché originel n'a plus être cause en lui d'aucun péché actuel. L'inclination de la nature intellectuelle de l'homme vers Dieu comme suprême objet intelligible n'est pas anéantie par la seule privation de la grâce de la justice originelle ; et l'absence d'acte contraire à cette inclination chez l'enfant mort avant l'usage de sa raison fait que cette inclination le détermine réellement et le dispose vraiment de façon prochaine à la connaissance naturelle de Dieu. Lorsque l'enfant qui n'a pas été baptisé et qui n'a pas encore usé de sa raison meurt, l'inclination de sa nature intellectuelle le porte à connaître Dieu comme cause de son être est aussi comme la bonté de la source de son être, cause de son être, contre laquelle il ne s'est jamais actuellement dressé. Cette connaissance lui donne un vrai et grand bonheur, mais dans l'ordre naturel. On ne peut dire que dans cette hypothèse qu'il a la vision béatifique. Mais comme il ignore la possibilité même de la vision béatifique, sa privation n'est absolument pas douloureuse. Il est affecté par le péché originel dans sa nature, mais cela même il l’ignore. Il est sujet d'une peine qu'il ignore absolument. C'est l'opinion que l'on peut tirer de certains textes de saint Thomas d'Aquin. Cette opinion n'est pas condamnée.

On peut encore avoir l'espoir que Dieu dans sa miséricorde et sa sagesse efface le péché originel selon un mode extraordinaire - en dehors du mode ordinaire qu’est le baptême qu'il a institué - et que l'enfant mort sans baptême avant l'usage de sa raison ait la vision béatifique, et on peut prier pour cela. On ne peut que l'espérer et sans rien en dire de plus, car si l'on sait que Dieu est sage et miséricordieux, on ne connaît pas parfaitement sa miséricorde et sa sagesse et on ne peut donc pas dire que sa miséricorde et sa sagesse exigent que l'enfant mort sans baptême avant l'usage de sa raison ait la vision béatifique.

C'est un espoir légitime et non une opinion théologique proprement dite car on ignore presque tout du fondement de l'argument. En outre il est parfaitement possible de tenir pour la deuxième opinion, celle de saint Thomas, et espérer qu'elle ne soit pas vraie… Et si elle était vraie, et qu'il existe un mode extraordinaire du salut surnaturel, elle serait encore consolante : l'enfant mort sans baptême avant l'usage de la raison est parfaitement heureux dans l'ordre naturel. Sa mère verra le bonheur de son enfant si elle est au ciel, et verra la sagesse et la bonté des dispositions divines qui ont présidé à ce bonheur.




  1. « iustitia originalis, sicut in primo dictum est, erat quoddam donum gratiae toti humanae naturae divinitus collatum in primo parente. Quod quidem primus homo amisit per primum peccatum. Unde sicut illa originalis iustitia traducta fuisset in posteros simul cum natura » (I-II Qu.81 a. 2) ; Cf. IV SCG c. 52 n°6
  2. « Sic igitur peccatum primi hominis, a quo omnes alii secundum doctrinam fidei sunt derivati, et personale fuit… » (IV SCG c. 52 n°6)
  3. « Causa autem huius corruptae dispositionis quae dicitur originale peccatum, est una tantum, scilicet privatio originalis iustitiae, per quam sublata est subiectio humanae mentis ad Deum. » (I-II Qu.82 a. 2) et « privatio originalis iustitiae, per quam voluntas subdebatur Deo, est formale in peccato originali, omnis autem alia inordinatio virium animae se habet in peccato originali sicut quiddam materiale. » (I-II Qu.82 a. 3)
  4. Cf. le texte III Qu.69 a. 3 cité plus bas et l’Offertoire de la messe : « Deus, qui humanæ substantiæ dignitatem mirabiliter condidisti et mirabilius reformasti »
  5. « culpam originalis peccati, et etiam poenam carentiae visionis divinae, quae respiciunt personam, statim per baptismum tollit ab homine. Sed poenalitates praesentis vitae, sicut mors, fames, sitis et alia huiusmodi, respiciunt naturam, ex cuius principiis causantur, prout est destituta originali iustitia. » (III Qu.69 a. 3 ad 3um)
  6. Suppl. Appen. art. 1 (II Sent. Dis.33 Qu.2 Art. 1) obj 1um
  7. Suppl. Appen. art. 1 (II Sent. Dis.33 Qu.2 Art. 1)ad 1um
  8. C'est-à-dire en tant qu’il est dans cet état.
  9. Suppl. Appen. art. 1 (II Sent. Dis.33 Qu.2 Art. 1) ad 2um
  10. Cette distinction est classique chez saint Thomas : « peccatum originale hoc modo processit quod primo persona infecit naturam, postmodum vero natura infecit personam. Christus vero converso ordine prius reparat id quod personae est, postmodum simul in omnibus reparabit id quod naturae est. (III Qu.69 a. 3 ad 3um) Comment dès lors comprendre une affirmation comme celle-ci ? : « Parce qu'en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (Gaudium et Spes 22) Il semble clair que ce mot “homme” désigne ici la personne, c’est vers cette interprétation que penche le Magistère postérieur : Cf. CEC §521 ; surtout Redemptor Hominis §13 … ect.
  11. L’exemple de l’aveugle est analogiquement semblable : « caecus natus nullam potest habere notitiam de coloribus » (I Qu.84 a. 3). C’est seulement analogique car l’aveugle sait que la couleur existe et qu’il en est privée.
  12. Suppl. Appen. art. 2 (II Sent. Dis.33 Qu.2 Art. 2)
  13. Suppl. Appen. art. 2 (II Sent. Dis.33 Qu.2 Art. 2)
  14. Qu. Disp. De Malo Qu.5 Art.3
  15. Quelques augustiniens
  16. Cette hypothèse est, contrairement à ce que disent les modernes, présente chez saint Thomas : « …Poterat Deus a principio quando hominem condidit, etiam alium hominem ex limo terrae formare, quem in conditione naturae suae relinqueret, ut scilicet mortalis et passibilis esset, et pugnam concupiscentiae ad rationem sentiens ; in quo nihil humanae naturae derogaretur, quia hoc ex principiis naturae consequitur. … » (In II Sent. Dis.31 Qu.1 Art. 2). Et IV SCG 52 § 2 où manifestement saint Thomas étudie les infirmités de l’homme en état de pure nature. Saint Thomas précise bien que l’état de justice ne se conçoit « qu’une fois supposée la Providence divine » donc de façon gratuite : « Sed tamen si quis recte consideret, satis probabiliter poterit aestimare, Divina Providentia supposita … » Il est très étonnant de voir d’éminents thomistes dire : « Hypothèse [de la nature pure] malheureusement dépourvue de tout fondement, et donc invérifiable. Hypothèse d’ailleurs parfaitement inutile, heureusement ! L’homme en fait a été créé par Dieu pour la vie éternelle. Il a été fait enfant de Dieu en même temps qu’il a été fait homme… » (J.H. Nicolas RT, 1995 n°3 p 374) un peu plus loin c’est encore plus étonnant : p 380 « Le plus important de ces théologiens fut le Père de Lubac. La solution qu’il propose du problème des rapports entre la nature et la grâce est acceptée pour l’essentiel par la plupart des théologiens ( ! ! !) qui, s’intéressant à la question, refusent la solution Cajetanienne… » Faut-il rappeler que la position du P. de Lubac a été condamné dans Humani Generis, encyclique qui n’oubliera pas de dire : « corrompent la “gratuité” de l’ordre surnaturel, puisqu’ils tiennent que Dieu ne peut pas créer des êtres doués d’intelligence sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique. » Pie XII Humani Generis DS 3891 Ce qui n’est pas autre chose que de poser l’hypothèse de la nature pure. La deuxième objection cet article est pratiquement la formulation de la pensée du P. de Lubac : « Praeterea, carere illo quod quis vult habere, sine afflictione esse non potest. Sed pueri vellent visionem divinam habere: alias voluntas eorum actualiter perversa esset. Ergo cum ea careant, videtur quod ex hoc afflictionem sentiant. » L’objection nie la disproportion entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel et fait de la grâce surnaturelle comme le nécessaire accomplissement de la nature rationnelle.
  17. A peu près tous avant le P. de Lubac. Il suffit de voir les ouvrages de Billuart, Garrigou-Lagrange pas non seulement Cajetan dont on a pas toujours su faire la part des choses entre son thomisme et l’esprit de la Renaissance. Garrigou avait, dès avant Humani Generis, dénoncé la déviation naturaliste et immanentiste du P. de Lubac (Cf. Où va la nouvelle théologie in La synthèse Thomiste appendice à la fin).
  18. Cf. note au dessus.
  19. « Necesse est enim corpus humanum, cum sit ex contrariis compositum, corruptibile esse ; et sensibilem appetitum in ea quae sunt secundum sensum delectabilia moveri, quae interdum sunt contraria rationi ; et cum intellectus possibilis sit in potentia ad omnia intelligibilia, nullum eorum habens in actu, sed ex sensibus natus ea acquirere, difficulter ad scientiam veritatis pertingere, et de facili propter phantasmata a vero deviare. » (IV SCG c. 52 n°2)
  20. DS 3015 Vat. I Sess. IV cap. 4 « Hoc quoque perpetuus Ecclesiae catholicae consensus tenuit et tenet, duplicem esse ordinem cognitionis non solum principio, sed obiecto distinctum principium quidem, quia in altero naturali ratione, in altero fide divina cognoscimus… » A cette ordre de connaissance correspond donc une joie complète dans son ordre.
  21. « …est autem melior modus intelligendi per conversionem ad intelligibilia simpliciter, quam per conversionem ad phantasmata (…) Considerandum est igitur quod, etsi intelligere per conversionem ad superiora sit simpliciter nobilius quam intelligere per conversionem ad phantasmata ; tamen ille modus intelligendi, prout erat possibilis animae, erat imperfectior » (I Qu.89 a. 1) Pour la question des enfant morts sans baptême il faut noter ad 3um : « Ad tertium dicendum quod anima separata non intelligit … per species ex influentia divini luminis participatas, quarum anima fit particeps sicut et aliae substantiae separatae, quamvis inferiori modo. Unde tam cito cessante conversione ad corpus, ad superiora convertitur. Nec tamen propter hoc cognitio non est naturalis, quia Deus est auctor non solum influentiae gratuiti luminis, sed etiam naturalis » (I Qu.89 a. 1 ad 3um)
Outils personnels
Récemment sur Salve Regina